Burn-out et Culpabilité

28 avril 2022 par
Burn-out et Culpabilité
Psythonon

Coupable de se reposer alors que les collègues continuent à travailler dur ? Coupable de les laisser voire de leur provoquer une surcharge de travail alors que ces derniers sont aussi à la limite du burn-out ? Coupable d’abandonner des personnes, jeunes ou moins jeunes, dont on s’occupe parfois depuis des années, qui sont dans un état de fragilité et qui comptent sur nous ? Coupable d’être à l’arrêt depuis plusieurs mois et de ne toujours pas voir le bout du tunnel ? Coupable d’être à la maison et de n’avoir (quasi) aucune énergie pour y faire quoi que ce soit ?


Cet arrêt de travail est là pour nous aider à recharger nos batteries. Cependant, cette culpabilité envahissante nous empêche de faire une vraie pause. Notre mental continue à tourner comme un hamster dans sa roue et nous continuons à nous agiter pour nous occuper des 10.000 choses que nécessitent la tenue de la maison et la vie familiale. Résultat : notre énergie a bien du mal à remonter.


Comment se libérer de cette culpabilité envahissante ? Comprendre les mécanismes qui sous-tendent cette culpabilité est un premier pas. A nous ensuite d’en déjouer les pièges.


1) LES CROYANCES LIMITANTES

Notre éducation, la société nous inculque certaines croyances, qui poussées à l’extrême, peuvent nous amener jusqu’au burn-out. On y retrouve les messages contraignants décrits par l’Analyse Transactionnelle : « Sois parfait, sois fort, fais plaisir, dépêche-toi, fais des efforts ». Nous évoluons alors dans notre vie avec toute une série de « il faut », « je dois » qui nous empêchent de profiter pleinement de notre vie et de suivre notre instinct.


2) LA CULPABILITÉ EST UN JUGEMENT.

Bien que nous puissions ressentir la culpabilité dans notre corps, via une sensation de poids, d’oppression ou tension, celle-ci n’est pas vraiment une émotion. La CNV (Communication Non Violente) nous apprend qu’elle se range plutôt dans la catégorie des jugements. Le chacalen nous (la partie de soi qui a une fâcheuse tendance à rentrer dans les jugements et les reproches) vient nous pointer du doigt : « Tu n’es qu’un(e) égoïste, faible, incapable, bon(ne) à rien …. » (Qui dit mieux ?!)


La CNV nous invite alors à rentrer plutôt dans notre partie « girafe ». C’est-à-dire la part de nous qui a du cœur (la girafe est le mammifère qui a le plus gros cœur), qui peut se montrer bienveillante et empathique tout en prenant du recul par rapport à la situation (grâce à son long cou de girafe). Elle nous invite à laisser les jugements de côté et à prendre plutôt conscience des besoins qui ne sont pas rencontrés par l’arrêt de travail: contribuer au bien-être des autres, collaborer, apporter du soutien… Nos besoins de reconnaissance, d’appartenance, de cohérence avec nos valeurs , de confiance en soi…. ne sont pas non plus nourris lorsque nous sommes en arrêt-maladie. C’est important de le reconnaître et d’accueillir les émotions qui en découlent.


Cependant, il importe aussi de réaliser que d’autres besoins sont nourris pendant ce moment de pause : la détente, le repos, la reconnexion à soi, le ressourcement, le lâcher-prise, la protection, un meilleur équilibre dans la gestion de son temps et de son énergie, retrouver du sens lorsque celui-ci n’est plus présent dans notre job, profiter d’un temps pour prendre du recul et favoriser la compréhension de certains aspects de notre vie…


Parfois, nous avons des besoins contradictoires. Il s’agit alors de bien prendre en considération nos différents besoins et de voir quels sont les besoins qui doivent être nourris en priorité et ceux que l’on va mettre momentanément de côté. Sans oublier d’y revenir ultérieurement bien sûr !


3) UNE VISION BINAIRE DE LA VIE

Nous avons tendance à fonctionner en noir ou blanc : OU nous sommes égoïstes OU nous sommes de bonnes personnes, soucieuses du bien-être d’autrui. OU nous sommes des acharnés du travail OU nous sommes des bons à rien.


Ne pouvons-nous pas être de bonnes personnes même si nous pensons aussi à nous ? Ne pouvons-nous pas être des personne responsables et travailleuses même si actuellement nous mettons en priorité notre santé et notre besoin de récupérer notre énergie ?


Il s’agit de mettre du « ET » dans notre vision de la vie. Nous pouvons ET être égoïste ET être altruiste. C’est ce qui nous permet de vivre une vie équilibrée en donnant une place à nos différentes parts.


4) UNE DIFFICULTÉ À COHABITER AVEC DES SENTIMENTS CONTRADICTOIRES.

Si notre couple va bien, nous allons peut-être nous sentir coupables en entendant que notre meilleure amie est dans les affres d’un divorce. Si nous avons festoyé généreusement la veille, nous allons peut-être vivre de la culpabilité en voyant au JT des personnes qui souffrent de la famine.


De même, si nous sommes en train de profiter paresseusement d’un bon bain parfumé en plein milieu de journée, nous risquons de nous sentir coupables en pensant à nos collègues qui sont dans le feu de l’action, en train de gérer des situations complexes et sources de stress.


Il est intéressant d’apprendre à cohabiter avec ces sentiments contradictoires, à tolérer une certaine dose d’inconfort afin de prendre soin de nous de la meilleure manière.


5) SE SENTIR RESPONSABLE D’AUTRUI

Nous avons une fâcheuse tendance à prendre les problèmes des autres sur notre dos et à nous sentir responsables de beaucoup trop de choses qui ne nous appartiennent pas. Chacun est libre de faire ses propres choix dans sa vie. Et si notre collègue, se trouve dans une situation délicate, peut-être analogue à la nôtre (je pense par exemple aux infirmières en pleine période de Covid ou post-Covid), elle a aussi quelque chose à comprendre dans cette situation et à faire ses propres choix pour y faire face. 


Nous pouvons bien sûr écouter nos élans d’aide sans oublier que nous sommes d’abord responsables de notre propre bien-être.


6) L’AMOUR CONDITIONNEL

Certains d’entre nous ont reçu le modèle éducatif suivant « Je t’aime si… »


Alors nous nous activons, nous faisons plaisir, nous nions nos propres besoins pour être appréciés et valorisés par autrui.


Apprenons à cheminer en nous offrant de plus en plus un amour inconditionnel envers nous-mêmes pour ce que nous sommes et non pas pour ce que nous faisons.


7) DÉPENDANCE AU REGARD DE L’AUTRE

Nous faisons beaucoup de choses pour plaire à autrui et éviter de passer pour « le mauvais ».


Je vous propose d’apprendre à construire une estime de vous stable. Vous n’avez pas besoin d’être parfait pour cela mais de développer de plus en plus une bienveillance envers vous-même et vos imperfections tout en reconnaissant vos compétences et qualités.


8) LA DIFFICULTÉ À DIRE OU À ENTENDRE « NON ».

De nouveau, nous tombons dans le piège du bon petit garçon ou de la bonne petite fille. Nous n’osons pas mettre nos limites ce qui, à terme, impacte négativement votre image de vous car vous ne vous respectez pas.


En donnant plus que ce que vous avez réellement envie de donner (en espérant être apprécié et valorisé), vous attendez en réalité un « retour sur investissement » sous forme de reconnaissance, d’amour ou d’aide lorsque vous en aurez besoin. Et lorsque le retour espéré ne vient pas, lorsque vous recevez un « non » à votre demande, il est difficile à entendre : « Après tout ce que j’ai fait pour lui/elle… ! »


Lorsque le « oui » vient d’un élan du cœur, les attentes sont bien moins présentes (même si l’envie de réciprocité est toujours là).


Différentes techniques peuvent vous aider à alléger ce sentiment de culpabilité : développer la bienveillance envers soi en accueillant toutes les parts de nous-mêmes qu’elles soient ombre ou lumière. Prendre conscience de certains fonctionnements qui nous desservent et les modifier pas à pas. Se libérer de certaines croyances limitantes par un travail émotionnel, énergétique ou symbolique . Partager ces sensations de culpabilité avec d’autres « burnies » (par exemple dans le cadre d’un groupe de parole) et enfin nourrir de plus en plus ce qui vous met en joie et nourrit votre élan de vie !


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