Dossier PSY
Les 5 blessures émotionnelles
Introduction
Le tout-petit est extrêmement sensible à la manière dont son entourage l’accueille et prend soin de lui. Le nouveau-né ressent déjà si l’attitude de ses parents est aimante ou plutôt hostile à son égard. Il est à ce moment entièrement dépendant de ses parents pour ses besoins tant affectifs que physiques. Le petit enfant aura besoin d’être soutenu par ses parents tout au long des différentes étapes de son développement.
Il est évident que même le meilleur des parents ne pourra satisfaire tous les besoins de son enfant qui grandit. Il y aura inévitablement des moments où celui-ci va se sentir rejeté, abandonné, incompris, mal aimé. Il va alors vivre ce que l’on appelle des blessures émotionnelles. Celles-ci sont au nombre de cinq : le rejet, l’abandon, l’humiliation, la trahison et l’injustice. Ces blessures vont continuer à vivre en lui à l’âge adulte et à influencer son comportement, notamment relationnel.
Différents auteurs ont étudié ce thème des blessures. Pour rédiger cet article, je me suis basée sur les écrits de Lise BOURBEAU et de Lorraine DESMARAIS dont vous trouverez les références en fin d’article.
1) LE REJET
Les différentes blessures sont vécues à des étapes bien spécifiques du développement de l’enfant. La première blessure traumatisante, le rejet, est vécue pendant la grossesse, au moment de la naissance ou dans les premiers jours qui suivent celle-ci.
Le bébé peut se sentir rejeté parce que sa naissance n’était pas désirée ou qu’il n’était pas du sexe souhaité. Il se peut aussi que sa maman n’était pas disponible émotionnellement pour l’accueillir avec toute l’attention nécessaire. Plus l’attitude de sa mère a été froide et hostile à son égard, plus il s’est senti menacé. L’enfant en a conclu qu’il n’avait pas le droit d’exister et qu’il était dangereux d’être en relation.
L’enfant met alors un mécanisme de protection en place afin d’éviter de ressentir la douleur causée par le rejet. C’est ce qu’on appelle le masque. La personne qui souffre de rejet va porter le masque du fuyant, c’est-à-dire qu’elle va adopter les comportements d’une personne fuyante.
Le fuyant est un individu qui se sent rejeté dans son être et qui doute de son droit d’exister. Par conséquent, il a essaie de se faire discret et de prendre le moins de place possible. Il a peur de déranger.
Pour le fuyant, exister en présence de l’autre est difficile. C’est pourquoi il a tendance à s’isoler et a du mal à entrer en relation intime.
Il semble ne pas s’être incarné complètement. Il est souvent ailleurs. Il se réfugie facilement dans un monde imaginaire. Il est détaché du monde matériel et est plus attiré par les choses de l’esprit : il a tendance à intellectualiser et est souvent enclin à la spiritualité. Il peut être coupé de sa sexualité.
L’individu qui souffre de la blessure de rejet doute de sa valeur. Il se croit nul et se compare souvent à mieux que lui. Par conséquent, il essaie d’être parfait afin de se valoriser aux yeux des autres et surtout à ses propres yeux.
Guérison
La personne ose de plus en plus prendre sa place et être visible. Elle développe le sens de sa propre valeur et peut créer des relations de confiance avec autrui. Elle est capable de mettre ses limites. Elle apprend à s’apprécier et à s’aimer elle-même. Elle intègre sa dimension spirituelle dans sa réalité quotidienne et peut concrétiser sa créativité.
2) L’ABANDON
La blessure d’abandon est éveillée dans les mois qui suivent la naissance jusqu’à environ 2 ans. Le bébé est alors complètement vulnérable. Il dépend entièrement d’autrui pour satisfaire ses différents besoins.
Si, pendant cette période, le bébé perd le contact avec sa mère (mère très occupée avec un nouveau bébé ou malade, bébé hospitalisé,…) ou s’il ne reçoit pas assez de nourriture affective ou physique, il va se sentir abandonné.
Il en conclut alors que ses besoins ne pourront jamais être suffisamment comblés, il en conçoit un sentiment profond de manque et se construit sur le mode du « pas assez » (pas assez d’amour, de nourriture, d’argent, …). Puisqu’apparemment ses besoins ne peuvent être remplis, l’enfant prend alors la décision de se couper de ses besoins et de ne plus les ressentir. Cette négation de ses besoins va garder l’enfant et plus tard l’adulte dans un état de privation constant. En effet, en niant ses besoins, la personne ne peut y répondre et le sentiment d’insatisfaction reste toujours présent. Il peut en résulter une certaine forme d’avidité.
La personne qui souffre de la blessure d’abandon va porter le masque du dépendant qui se caractérise par un corps qui manque de tonus. La personne reflète ainsi dans son corps son besoin de soutien et sa croyance qu’elle ne peut y arriver toute seule.
Le dépendant supporte très mal la solitude. Il se sent vide et vit en manifestant une besoin abusif de la chaleur et de la présence d’autrui. Il a de la difficulté à faire une activité seul ou même à prendre une décision sans avis extérieur. Il aime être accompagné et soutenu dans ce qu’il entreprend. Cette crainte d’être seul peut lui faire endurer des situations relationnelles très difficiles avant qu’il ne se décide à y mettre fin.
Le dépendant est une personne fusionnelle qui est généralement très sensible aux émotions des autres.
Il a tendance à se positionner en victime (ce qui a l’avantage, dans certains cas, de lui attirer l’attention d’autrui).
La personne peut aussi réagir à la blessure d’abandon en affectant un comportement très indépendant. En réalité, elle a peur de demander ce dont elle a réellement besoin car elle pense ne pas pouvoir l’obtenir.
Guérison
La personne peut identifier ses besoins et en prendre soin. En prenant la responsabilité de la satisfaction de ses besoins, elle sort de sa dépendance et découvre qu’elle peut vivre de façon autonome. Elle apprend à s’ouvrir et à recevoir. Elle peut de plus en plus expérimenter l’abondance de la vie.
Elle est capable d’aller jusqu’au bout de ses projets même sans le soutien d’autrui. Elle peut arriver à se sentir bien tout en étant seule.
3) L’HUMILIATION
La blessure d’humiliation s’éveille entre un et trois ans au moment où l’enfant apprend à manger seul, à être propre, à parler et à marcher. Il a besoin d’être soutenu et encouragé lors de ces apprentissages.
Si, au contraire, l’enfant observe la désapprobation et/ou le dégoût de ses parents parce qu’il s’est oublié dans son slip, a fait des taches ou a touché à son sexe, il va se sentir rabaissé et honteux.
Si, au cours de cette période, l’enfant est fort contrôlé par sa mère, que celle-ci l’empêche d’expérimenter et d’explorer le monde à sa façon, il se sent restreint dans sa liberté. Il en conclut qu’il ne peut s’affirmer sans être écrasé et humilié. Il se soumet alors à l’autorité tout en accumulant beaucoup de frustrations et de colère à l’intérieur de lui.
La personne qui souffre de la blessure d’humiliation porte le masque du masochiste. Le masochiste est une personne qui recherche la douleur et l’humiliation de façon inconsciente.
Le masochiste se croit souvent sans cœur, malpropre ou moins que les autres. Il se voit comme une mauvaise personne.
Afin de ne plus être contrôlé, le masochiste a tendance à prendre beaucoup sur son dos. Il se crée souvent des obligations ou des situations où il doit prendre soin de quelqu’un d’autre. Il fait tout pour se rendre utile mais ne se sent en général pas reconnu pour les services rendus.
Le masochiste ne s’est pas senti libre avec ses parents donc il aime se sentir libre. Cependant, il a peur de se retrouver sans limites. Il craint alors de tomber dans l’excès et de faire des choses honteuses.
Il se sent facilement coupable et a une tendance à se blâmer pour des choses dont il n’est pas responsable.
Il n’écoute pas ses besoins (il fait souvent pour les autres ce qu’il ne fait pas pour lui-même).
Le masochiste alimente sa blessure quand il s’abaisse, se rend indigne ou se compare aux autres en se diminuant.
Guérison
La blessure d’humiliation est en voie de guérison lorsque la personne prend le temps de vérifier ses besoins avant de dire oui aux autres. Elle s’en met moins sur le dos et se sent plus libre. Elle ose exprimer qui elle est et retrouve sa créativité.
4) LA TRAHISON
La blessure de trahison s’éveille entre deux et quatre ans au moment où l’enfant affirme son identité (période du non) et où son énergie sexuelle se développe (phase oedipienne). L’enfant cherche alors le soutien du parent de sexe opposé.
Si ce dernier ne tient pas ses promesses ou manipule l’enfant pour satisfaire ses propres besoins, l’enfant se sent trahi. L’enfant en tire la conclusion erronée qu’il ne peut faire confiance à personne. Il se crée alors un masque pour se protéger. Ce masque est celui du contrôlant.
Cette défense se caractérise par un besoin de contrôler et de dominer autrui. Le contrôlant s’assure ainsi que l’autre tient bien ses engagements, qu’il est fidèle et responsable. Ainsi, il ne vivra plus la blessure de trahison et ne se fera plus manipuler.
Le contrôlant ne veut pas montrer sa vulnérabilité. Il arbore au contraire sa force et son courage. Exigeant avec lui-même, il veut montrer ce dont il est capable. Il fait tout pour être une personne responsable, fiable, spéciale et importante.
Son mental est très actif. Il a tendance à vouloir tout prévoir pour l’avenir. Il a du mal à lâcher prise.
Le contrôlant aime avoir raison.
La douleur du manque de soutien parental a été intolérable. Pour obtenir désormais ce soutien, le contrôlant peut manipuler autrui par la séduction et, dans certains cas, n’hésite pas à mentir pour arriver à ses fins.
Guérison
La personne apprend à se faire confiance et à faire confiance à autrui. Elle lâche prise plus facilement et accepte que tout ne se passe pas selon ses plans.
Elle n’éprouve plus tant le besoin d’être « spéciale » et peut choisir d’être simplement un être humain.
5) L’INJUSTICE
La blessure d’injustice s’éveille entre 4 et 6 ans au moment du développement de l’individualité (généralement avec le parent du même sexe).
L’enfant souffre de la froideur de son parent et de son incapacité à exprimer ses sentiments. La relation reste superficielle sans que ni le parent ni l’enfant ne parlent de ce qu’ils ressentent. L’enfant peut aussi souffrir de la sévérité de son parent, de ses critiques ou de son conformisme.
Une personne qui souffre d’injustice ne se sent pas reconnue à sa juste valeur ou croit qu’elle ne reçoit pas ce qu’elle mérite (qu’elle reçoive trop ou pas assez).
La personne qui vit une blessure d’injustice se crée le masque du rigide.
Sa défense consiste à se couper de ses émotions et de ce qu’elle ressent. Pour ne plus souffrir, elle décide également de ne plus aimer.
Le rigide est très sensible mais ne veut pas le montrer aux autres. Il paraît donc souvent froid et insensible.
Le rigide est très attentif à la justice et à la justesse.
Il est très exigeant avec lui-même, il s’impose la perfection ce qui lui cause souvent du stress.
Il se juge (tendance à voir ses erreurs plutôt que ce qu’il fait bien).
Il se croit obligé d’être toujours dans l’action et ne s’autorise pas à se détendre, se reposer ou s’amuser. Il éprouve de la difficulté à se faire plaisir (sentiment de culpabilité).
Il a du mal à connaître ses limites et à les respecter (tendance à oublier ses besoins).
Il éprouve des difficultés à se laisser aimer et à montrer son amour.
Guérison
La personne devient moins perfectionniste et moins critique à son égard Elle s’autorise à faire des erreurs et à être humaine. Elle ose de plus en plus montrer sa sensibilité. Elle ouvre son cœur et peut se laisser aller à aimer.
POUR ALLER PLUS LOIN
LIVRES :
- « Les cinq blessures qui empêchent d’être soi-même » par Lise BOURBEAU
- « Totalement humain, totalement divin » par Lorraine DESMARAIS